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Le Calme et la Tempête
Voilà bien longtemps que les Aventuriers ont quitté la région. Le fracas des armes a cessé, la fureur et la poussière sont retombés, la soif de gloire et de richesses s'est tarie. Mais les lieux ne sont pas morts pour autant : il reste toujours le vieil aubergiste, là, courbé derrière son comptoir ; et je gage que si vous aviez la curiosité de lui adresser la parole, il pourrait vous conter de grandes choses du temps passé, et allumer en vous une étincelle dont vous ne soupçonniez pas l'existence...
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| | Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin ! | |
| | Auteur | Message |
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Zaeseth Helimond
Nombre de messages : 196 Age : 28 Citoyen de : Chnafon Sexe du Perso : Masculin Statut Spécial : Elfe gris Date d'inscription : 05/07/2011
Feuille de personnage Energie Vitale: (13/13) Energie Astrale: (35/35) Expérience: (76/100)
| Sujet: Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin ! Ven 26 Juil - 19:53 | |
| Laissez-moi vous…
*tousse*
Excusez-moi, reprenons. Laissez-moi vous conter les périples d’un petit groupe d’aventuriers tout à fait banal, formé à la va-vite et sans nom officiel, comme il en existe des dizaines en Terre de Fangh. À l’image des individus qui y prirent part, leur quête était sans prétentions. Il ne s’agissait ni d’une prophétie apocalyptique, ni d’un vieux sorcier fou qui voulait tester sa nouvelle création et qu’il fallait stopper à tout prix sans quoi la totalité de la population régionale se retrouverait avec les bras droit et gauche inversés. Non, il s’agissait plutôt du type de quête qui sombrait rapidement dans l’oubli, à part peut-être pour les anciens du village qui cherchaient de nouvelles anecdotes à répéter inlassablement pour occuper leurs après-midis ensoleillés. C’était une petite quête que les plus tendancieux n’hésiteraient sans doute pas à la qualifier de quêquette. Je n’en dirais pas plus, passons au récit en lui-même ! *** À l’extrême sud-ouest de la Terre de Fangh, le ciel grondait. Dans l’obscurité de la nuit, d’imposants nuages d’orage s’approchaient du village de Valtordu. Un vent puissant en provenance de l’ouest soufflait au dessus des cimes de la forêt d’Ouien, étendue végétale qui délimitait le monde connu dans cette direction. De violents éclairs illuminaient la frondaison à intervalles réguliers. Les premières gouttes ne tarderaient pas à tomber et les petits animaux de la forêt hésitaient à sortir de leur cachette, effrayés par le grondement du tonnerre. Un petit pinson nerveux, connu par ses amis pinsons sous le nom de Squikky, se disait qu’il valait mieux ne pas affronter cette colère céleste.
À l’abri dans leur chaumière aux murs de bois ou, pour les mieux lotis, de pierre, les habitants de Valtordu se préparaient à une nuit mouvementée. Afin d’éviter toute déconvenue, les fabricants de boudin au sang de mouton, une spécialité locale qui s’exportait jusqu’à Glargh, vérifiaient une dernière fois que la porte de leur entrepôt était bien fermée. À cette heure avancée, seuls quelques badauds occupaient encore les rues du hameau. La plupart se dirigeait vers la rue des Trois Boudins d’un pas assuré et non troublé par la boisson, pour l’instant. Car oui, ce n’était pas vers l’une des boucheries locales que se rendaient tous ces hères : ils convergeaient lentement mais sûrement à la taverne du Chien qui Pleure. Ce débit de boissons était tenu par un certain Hugues Jeanfort, frère du seigneur local, un homme fort sympathique qui n’hésitaient cependant pas à mettre dehors ses clients un peu trop éméchés s’ils se mettaient à casser le mobilier. Bien sûr, ce dernier point concernait surtout les paysans du coin et les aventuriers de bas niveau. Quand un barbare des steppes de niveau 8 s’amusait à fracasser un tabouret sur la tête de son comparse, ne pas intervenir était souvent la meilleure chose à faire. La capacité de raisonnement de ces individus parmi les plus bourrins de la Terre de Fangh se retrouvait en effet encore plus proche du zéro absolu sous l’effet de l’alcool. Un nez cassé était vite arrivé.
La plupart des clients de la soirée étant déjà rassemblés dans l’établissement; la gran’ salle était bondée. Il y avait les habitués, les habitants du coin qui venaient quotidiennement s’abreuver de pintes de bière ou de vinasse et qui s’attiraient par là même les faveurs de la déesse Picrate. Ils leur suffisaient d’attirer brièvement l’attention d’une des serveuses pour obtenir la boisson de leur choix. Nulle télépathie n’était à l’œuvre, il s’agissait simplement d’un code connu seulement par les clients réguliers et qui était fort pratique puisqu’il suffisait de vociférer en levant un nombre précis de doigts pour commander l’un des breuvages de la carte. Les autres, aventuriers et commerçants itinérants, devaient formuler de vive voix leur commandes. Certains ne s’en privaient pas pour draguer avec insistance les serveuses, de bien belles jeunes femmes dans la vingtaine. Depuis l’alcôve où il était assis, Zaeseth Helimond, mage noir de son état, observait avec dédain deux haut elfes en pleine action. Les deux bougres arboraient avec fierté de somptueux plastrons qui rutilaient sous la lueur des torches. À leur ceinture, la poignée ouvragée d’un fleuret dépassait d’un luxueux fourreau en cuir décoré de motifs forestiers. Leur chevelure blonde soigneusement peignée et une dentition parfaite augmentaient d’autant plus leur charisme. Les deux individus, de riches aventuriers de haut niveau, redoublaient d’efforts, de mots doux et de clins d’œil appuyés pour séduire les serveuses. À leur grand désarroi, ces dernières n’avaient pas d’autres choix que de passer à côté d’eux pour rejoindre les cuisines et le stock de fûts.
L’adepte de Tzinntch ruminait dans son coin et tentait de se tenir au maximum à l’écart de la cacophonie et de l’ambiance vinassée propres à ce type d’établissement. La majorité des clients, paysans ou aventuriers, étaient avant tout là pour étancher leur soif. Devant ses yeux, des nains, des humains et même des demi-orcs organisaient à qui mieux mieux des concours de boisson. La bière coulait à flot, comme chaque soir. Une légère migraine pointait le bout de son nez. Les éclats de voix et les rires caverneux résonnaient dans la pièce et vrillaient les délicats tympans de l’elfe gris. Les chansons paillardes chantées par ceux ayant encore la mémoire claire et les ronflements bruyants de ceux qui avaient bu trop vite, ou tout simplement trop, parachevaient l'effet de brouhaha ambiant.
Pour conserver la façade propre aux membres du Magnifique Sanctuaire de Tzinntch, le mage tentait tant bien que mal de boire de la façon la plus sérieuse et méchante possible son verre de lait. Ce n’était pas chose facile, surtout qu’il était assis sur une chaise bancale et était bousculé régulièrement par des nains buvant vigoureusement de l’hydromel. Les premières goûtes de l’orage commençaient à tomber. Certaines d’entre elles réussissaient à s’infiltrer entre les ardoises de la toiture en mauvais état et s’écrasaient régulièrement sur le sommet de son crâne. Cela expliquait sans doute la forte odeur de bois moisi qui se dégageait du mobilier à cet endroit.
N’en pouvant plus, Zaeseth décida de quitter cet environnement bruyant et inconfortable pour se diriger vers sa chambre à l’étage. Après avoir zigzagué entre les serveuses et pris un coup de coude entre les côtes en passant un peu trop près d’un groupe de barbares éméchés, le mage noir se retrouva devant une porte en bois portant le numéro 9. Quelqu’un avait gratté la porte, vraisemblablement avec un canif, pour y ajouter un chiffre 6 et diverses inscriptions que la pudeur m’interdit de rapporter ici.
L'unique gond de la porte grinça affreusement à l’ouverture et à la fermeture, ce qui acheva par la même occasion les tympans sensibles de l’elfe qui avaient précédemment subi l’épreuve du feu dans la salle commune. La pièce, assez petite, était sommairement meublée et sentait le renfermé. Zaeseth révisa une petite heure ses sorts à la lueur d’une bougie, puis, n’en pouvant plus d’essayer de faire abstraction du brouhaha traversant le plancher, prit la décision de dormir. Du moins, d’essayer de dormir, car ce fut une dure nuit pour l’aventurier débutant qu’il était, encore peu habitué aux affres des tavernes.
Le lendemain matin, Zaeseth fut réveillé par un rayon du soleil qui tombait droit sur ses yeux en passant à travers une fente du volet. De mauvaise humeur, il rassembla rapidement ses affaires en prenant soin de ne rien oublier derrière lui puis descendit au rez-de-chaussée. Dans l’escalier, il put croiser plusieurs voyageurs qui, tout comme lui, avait pu profiter des bienfaits de volets de mauvaise qualité qui n’avaient sans doute pas été changés depuis des années. Il reconnut certains individus qu’il avait aperçu la veille. Leurs sourcils froncés témoignaient d’une gueule de bois carabinée.
La gran’ salle étant encore peu occupée à cette heure matinale, l’elfe gris put s’asseoir à une table que l’on pourrait qualifier de correcte pour ce type d’établissement campagnard. Comme il ne mangeait pas de viande et que l’unique petit-déjeuner disponible se résumait à des tartines au boudin local, il dut se contenter de tartines nature que le tavernier ne manqua pas de lui facturer plein pot sous prétexte que « Si j’commence à accepter ce genre de chose, j’me retrouve avec trop de boudin et plus assez de tartines ! ».
Alors que le sorcier, l’esprit embrumé, consommait tranquillement ses tartines qui avaient un puissant arrière-goût d’arnaque, un homme en slip déboula dans la taverne. L’individu en question, un humain d’âge moyen au ventre bedonnant, arborait une moitié de moustache, l’une des moitiés étant rasée à blanc. La moitié restante était recourbée à son extrémité et bien entretenue, signe que son propriétaire y accordait une certaine importance. Des goûtes de sueur perlaient sur son front dégarni. Pendant que l’homme reprenait son souffle, un membre de la milice locale fit son entrée dans la taverne. Le visage du milicien était marqué par les ravages du temps. Zaeseth s'imaginait qu’il approchait de la retraite et qu’il avait survécu à d’innombrables attaques de brigands, davantage par couardise que par prouesse au combat : chez les miliciens, les plus courageux passaient souvent l’arme à gauche en premier. Il avait vraisemblablement assisté à tout un tas d’évènements rocambolesques comme il en arrive tant dans les villages fanghiens. Plus grand chose ne devait l’étonner à présent, même pas un inconnu en slip, ce qui expliquait son air blasé. Le garde balaya la pièce du regard et lâcha un profond soupir, sans doute ne s’attendait-il pas à avoir un problème sur les bras si tôt dans la matinée.
Le milicien raffermit sa prise sur le manche un peu tordu de sa lance, arme réglementaire facile à entretenir et peu coûteuse à produire, puis frappa trois fois le sol de la taverne avec l’extrémité du manche. Ayant désormais l’attention de l’ensemble de la gran’ salle, il sollicita son audience :
« Bonjour m’sieurs dames, désolé pour le dérangement ! Croyez moi ça m’fait pas plus plaisir qu’à vous ! Y a-t-il des aventuriers disponibles pour...euh... - Pour casser la gueule à des foutus orcs ! Ces salauds ont volé ma marchandise et bafoué ma dignité ! » s’exclama l’homme en slip en pointant du doigt sa moustache dégarnie.
Avec l’énervement, son visage avait progressivement viré au rouge. Derrière lui, le milicien soupira de plus belle. Zaeseth préféra rester silencieux, attendant de voir comment la situation allait évoluer.
Dernière édition par Zaeseth Helimond le Sam 27 Juil - 9:20, édité 1 fois (Raison : Tzinntch et non Tziintch) | |
| | | | Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin ! | |
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