Un allé pour un retour. [Suite et Fin]

Précédement.

La compagnie arriva enfin à Mliuej, la nuit tombée sur les montagnes tandis que les bestioles en tous genres rentraient dans leurs trous pour éviter les prédateurs nocturnes.
Les deux anciens paysans à ses côtés ouvrirent grand la bouche en découvrant ce qu'était une ville, surtout que même la nuit, dans Mliuej, il y avait de l'agitation dût à la routine quotidienne des habitants, taverne-boulot-taverne-dodo... Ils passèrent sur le pont de l'Avenue Ouarge Gutten pour se rendre Rue de la Cirrhose, nom dût à blablabla... Le groupe arriva devant une Bâtisse dont l'enseigne annonçait sobrement:

*Les seize chopines*

Dremed repensa à l'établissement, lorsqu'on avait refusé son argent et qu'on l'avait fait sortir par le videur, car il était entré avec la tête d'ogre et d'orque à la ceinture et que selon le patron, ça ne respectait pas leur « Standing ».
Cette fois il pourrait dormir dans un bon lit et discuter avec des gens de qualité. Et même, qui sait, trouver des membres pour former une compagnie d'aventurier et enfin pouvoir augmenter ses chances de survies. Non pas que le paladin était lâche, loin de là ! Il se disait seulement qu'on était certainement plus utile que mort, sauf pour les nécromants, et que risquer sa vie contre un dragon c'était du suicide et non du courage... à moins d'être une bonne centaine avec plusieurs mages et des armes de siège.

Ils entrèrent donc dans l'établissement et purent profiter de l'ambiance générale qui régnait dans la salle. Des marchands débattaient du prix du sucre et de la flambée des prix du café, des aventuriers fortuné fêtaient leur dernière mission et quelques mages et guerriers en quête de nouveaux compagnons, attendaient de voir arriver de nouvelles têtes pour leur proposer de les rejoindre.
Le trio s'avança vers les derniers pour juger de leur puissance.
Très vite, une ribambelle d'aventuriers débutants, nés dans le luxe au vu de leur équipement, se réunirent autour du trio pour les prier de faire partie de leur groupe. Le bucheron calma tout ce petit monde en usant de sa voix la plus grave:

« Bon tous les gosses de riches vous vous barrez maintenant ou je vous savate ! »

Le regard et la tête de Casinow en disaient long sur le programme réservés à tous ceux qui enfreindraient sa demande. Une majorité d'aventuriers rompit les rangs pour remonter dans leur chambre et bouder lorsque le bucheron leur dit:

« Et puis de toute façon vous avez cas vous rejoindre, entre nobliaux vous devriez vous entendre. »

La remarque était pleine de sens. De suite, les jeunes gens suivirent le conseil et se groupèrent. Ne restait plus qu'un homme dans une robe rouge, un bâton à la main et un sac sur l'épaule. Cette dernière personne semblait avoir le statut de mage d'après ce que Dremed connaissait du sujet.
Le prêtre-guerrier les planta là, dans l'auberge, les laissant joyeusement se livrer à leur casting de recrutement avec les cent pièces d'or qu'il leur devait.
Dremed, se rendit Avenue du Brassin pour profiter d'une taverne tout ce qu'il y a de plus classique, son chien à ses côtés. Il dût traverser toute la ville avant de pouvoir arriver au débit de boisson et fut heureux que son trajet s'achève enfin. L'établissement se dénommé:

*Chez Bulinette*

Une affiche d'un nain joyeux, tenant à sa main une chope de bière, devançait la porte d'entrée. Le paladin entra pour profiter d'une vraie ambiance, des rires gras, des défis entre groupe d'aventurier ou entre travailleurs jouant aux dès. Dremed fut emplit de satisfaction en entrant et se laissa tomber sur une chaise, épuisé par le voyage. Son chien se coucha à ses pieds et il commanda une bière bien méritée.

Spoiler:

Enfin une atmosphère conviviale, après cette longue promenade ! L'outre de vin pesait moitié moins lourd que la dernière fois où Vrolg avait mis les pieds ici, le vin ayant ponctué les repas du demi-orc, qui avait terminé sa magnifique terrine de sanglier le jour même. Il ne lui restait plus que les jambes du brigand, qu'il devrait faire cuire le lendemain au plus tard, s'il ne voulait pas qu'elles faisandent trop (fort heureusement, l'odeur du guerrier était assez dépréciée des mouches, qui l'évitaient, ce qui rendait le port de barbaque humaine dans sa besace plus discret).

S'installant à la table libre la plus près de l'entrée, accompagné d'un elfe noir (regarde ma signature, Zaeseth ^w^) en robe sombre, la peau-verte s'assit lourdement, avant d'interpeller le tavernier.

"Et bien me voilà ... Tiens, vous être de retour ?
-Ouais, on a réussit not'mission ! Au fait, il est bon ton vin ! Il vient du sud ?
-Bien sûr ! Un sympathique marchand me l'a remonté. Malheureusement, il ne m'a vendu qu'un seul tonneau, et à vrai dire il a été sifflé sans sommation.
-Hé hé ! Bon, pour moi, tu m'met une bière bien fraîche. Tu veux quoi, Zaeseth ?"

La commande prise, le demi-orc se gratta la tête, et s'adressa à son coéquipier préféré (pour le moment, ce n'était pas bien difficile étant donné que c'était le seul).

"A Jambfer, j'ai entendu dire qu'y avait des ruines au nord de la forêt de Glandorn et qu'y avait des bruits bizarres. Je sais pas c'que tu veux qu'on fait maint'nant, mais si qu'on trouve rien de sympa, ça peut toujours dépanner ..."

Visiblement, la personne installée à la table voisine, un homme en armure de cuir et possédant un marteau pas merdique, un chien couché à ses pieds, avait surpris la conversation (cela dit, Vrolg ne faisait pas d'effort pour parler à voix-basse), et devait en savoir plus que le guerrier à propos de ce lieu ...

De la rue, on percevait déjà l'ambiance qui régnait à l'intérieur de l'édifice. La salle commune résonnait de chansons paillardes et compliments coquins aux serveuses. Le duo s'installa proche de l'entrée, l'agoraphobie de Vrolg ne semblait pas s'exercer en milieu tavernier. L'orc pose sa carcasse imposante sur le siège prévu à cet effet, puis interpella le tavernier. Il passa commande puis proposa aimablement à Zaesth un petit remontant :

" Hé hé ! Bon, pour moi, tu m'met une bière bien fraîche. Tu veux quoi, Zaeseth ?
- Une timbale de nectar relevé au lys blanc. Au shaker hein ? Pas à la cuillère.
- J'ai pas...
- Euh...alors, un tonnelet de bière, pour me réchauffer !
-Très bien cher ~~maître nain~~ messire elfe, voilà de quoi lamper."

L'elfe gris je trouve ça bien car on peut pas trop savoir si c'est un elfe "blanc" ou un elfe noir à la base ne buvait pas tous les jours, alors autant s'offrir un petit tonnelet. Son coéquipier lui exposa ses plans pour la suite : aller explorer des ruines, c'était le ba-ba des aventuriers.

L'adepte de Tziintch, pour se divertir, eut envie de lancer une discrète compression des gonades sur un des buveurs en présence. Une violente douleur à l'entrejambe provoquait toujours une réaction des plus délectable. Voir quelqu'un d'autre souffrir permettait d'oublier ses soucis, comme le disait le dicton de son culte : "La douleur sur un faciès de couillon, repousse la dépression !".

Sur la table voisine, un homme buvait un vers, solitaire (et pas un ver solitaire, bande de monstre !). Le mage, qui avait l’œil, remarqua son affiliation à Khornettoh à la fois par sa posture que par son équipement. En effet, le Magnifique Sanctuaire de Tziintch considérait comme pitoyable tous les autres cultes, sauf Khornettoh qui leur inspirait un peu de sympathie de par son affiliation au chaos. L'inconnu semblait avoir surpris la conversation. Un troisième membre dans leur compagnie, surtout un guerrier comme celui là, augmenterait encore les chances de survie du mage.

Le paladin observa les nouveaux arrivant, un orque en kilt armé d'une hache d'arme quelque peu... grossière, mais qui semblait avoir déjà pas mal servi de part les traces de sang et l'usure de la lame, il aurait fallu l'aiguiser avant qu'elle ne s'émousse. De plus, un crâne à l'allure fauve ornait son épaule, attaché par des chaînes de métal et son visage était tiraillé entre deux origines, c'était plutôt la moitié d'un orque, une de ces créatures « civilisées » qui jouaient souvent le rôle de mercenaire. Le second arrivant possédait un bâton rehaussé d'une verrerie, il portait sur son dos un sac de voyage, certainement remplis de livre aux vus des nombreux angles se dessinant sur la toile, et il était enveloppé dans une robe sombre, à l'aspect un peu usé, qui laissait, sans aucun doute possible, afficher son affiliation au culte de Tzintch. A la pensée de ce nom, Dremed frissonna, le culte du dieu du changement était sans doute l'un des plus vicieux connu sur la Terre de Fangh, leurs sorts faisant ravages lorsqu'ils avaient la chance de se trouver sur un champ de bataille, en étant tout de même des cibles de choix pour quiconque voulait monter en grade. Malheureusement ce genre de personnage se trouvait toujours caché derrière plusieurs rangs d'ennemis, des gens stratèges et en général antipathiques.
En résumé, ils avaient toujours quelque chose derrière la tête et c'était certainement pas la paix dans le monde... En même temps, il décrivait un peu tous les cultes chaotiques dont le sien.

Dremed les observa s'installer et, à son grand étonnement (ironie), vit le demi-orque commander une bière (et la bière obéie, désolé). La grande créature vint à s'exclamer, sans aucune discrétion, en même temps, c'était une moitié d'orque alors la discrétion devait être un concept bien vague, qu'il comptait se rendre dans des ruines quelque part au nord de la forêt de Glandorn. Le paladin chercha quelques secondes dans sa mémoire et ce remémora une discussion qu'il avait surpris entre un marchand et des gardes en pause.
Apparemment, le commerçant s'en revenait avec quelques compagnons de par delà la frontière connue et avait ramené dans un chariot des bricoles qu'il avait ramassées là-bas, notant qu'il s'agissait d'objets de valeurs. Ils s'étaient arrêtés pour la nuit à quelques kilomètres du village de Yakk, voulant éviter d'attirer l'attention, et s'était fait dérober leurs biens dans la nuit. Le lendemain, ils n'avaient retrouvé qu'un veilleur dans les pommes, une bosse sur le crâne, ne ce souvenant que d'une odeur nauséabonde. Dans le village personne n'avait entendu parler ni même vu quoi que ce soit de semblable et ils étaient retournés à Mliuej les poches vides, une guilde sur le dos pour tout l'argent dépensé pour organiser cette expédition.

Le prêtre-guerrier se leva, souleva son marteau et réveilla son chien d'un léger coup de pied dans les côtes. Ils s'avancèrent vers le duo qui était à la table d'à côté et le paladin se présenta au demi-orque:

« Salutation, je me nomme Waldemar Von Ark, j'ai surpris votre conversation et je souhaite me joindre à vous pour vous aider dans cette expédition, j'ai quelques informations qui pourraient aider, cependant, je demanderai un tiers des revenues financiers. De plus, la magie de votre collègue ne me dérange pas. J'ai en ma possession un marteau de guerre Syldérien, n'ayant servi qu'une fois et un sort de soin qui me sera accessible une fois que j'aurai le livre adéquate. Je suis en mesure d'encaisser les coups et la mort ne me fait pas peur.»

Après avoir fini ~~sa lettre de motivation~~, sa présentation, Dremed fixa le peau-verte dans les yeux et attendit une réponse, que ce soit de lui ou de son acolyte, peu importe du moment qu'il pourrait aller tailler la chair et broyer les os.

Alors que les deux aventuriers attendaient tranquillement leur commande - la première tentative de Zaeseth ayant été refusée, peut-être un alcool rare - un type en armure de cuir, muni d'un gros marteau, vint se présenter, accompagné d'un chien un peu vieux. Vrolg eu du mal à comprendre ce qu'il baragouinait, sûrement car il était plus concentré sur le trajet du tavernier que par ce qu'on lui disait, mais réussit à capter deux informations. Premièrement, il savait bastonner. Ensuite, il savait pour les sorts du sorcier. Par contre, il semblait vouloir plus d'or qu'eux, et ça, ça plaisait pas au guerrier ... Vrolg poussa la chaise en face de lui du pied, invitant le combattant chaotique à s'asseoir.

"Bon, le cogneur, moi j'vois pas l'soucis de t'embarquer avec nous ..."

Son regard se posa sur Zaeseth, afin de faire comprendre au "Wald" machin chose que ça dépendrait de l'elfe gris.

"... par contre, pour le partage, chui pas d'accord. Chacun il aura une moitié, et pis c'est tout."

Il était donc à noter que la base numéraire du demi-orc reposait sur un système binaire (1 et 2), avec un paquet d'inconnues. Un tiers, ça devait pas signifier grand chose pour lui, sinon beaucoup, et c'est donc sans étonnement que pour que les choses soient équitables, tout le monde devait avoir une moitié ... qu'ils soient deux ou plus à prendre part au partage. C'était aussi possible que cette utilisation de ce terme vienne d'un apprentissage lacunaire de la langue, surtout lorsque l'on sait que sa deuxième principale source d'information venait d'un nain (qui soit dit en passant, lui, voulait réellement la moitié des gains du groupe, ce qui n'était pas dans les options des trois autres).

Maintenant que les questions pécuniaires étaient passées, il était temps de rentrer dans le vif du sujet.

"Bon, si qu't'as entendu c'que je disais, j'ai pas besoin de répéter. Par contre, toi, t'en sais quoi de c't endroit ?"

Les bières arrivèrent, et Vrolg ne pu que noter avec sympathie le choix de son coéquipier. Le chien de l'humain se risqua à renifler le sac de la peau-verte, qui cru qu'il venait dire bonjour, et lui caressa la tête tranquillement.

"Comment qu'y s'appelle ?"

L'homme en armure s'approcha, son fidèle chien lui collait les talons. Le début de l'entretien d'embauche commença, l'inconnu se présenta sous le nom de Waldemar Von Ark. Comme nom de paladin, ça avait le mérite d'en jeter sévère. Par contre, le fait qu'il n'ait utilisé son marteau qu'une seule fois...ça le faisait moins. Comme eux, Waldemar débutait. En plus de ses capacités en tant que guerrier, il se prétendait capable de guérir les blessures. Zaeseth pouvait d'ors et déjà lancer ce type de sort, mais il n'aimait pas ce genre de niaiseries (à part pour sauver sa propre peau, faut pas déconner...). En fait, les sorts de soins étaient bien plus jouissifs. Soigner les ampoules aux pieds, les naïfs prêtres de Youclidh savaient très bien le faire.

Le guerrier ne mentionna pas son affiliation à Khornettoh, l'elfe noir se trompait rarement dans le domaine "magie et aux trucs de cultistes", étrange. De toute façon, il était motivé, et tant qu'il accomplirait sa part, il aurait sa part (logique !) du butin. L'adepte de Tziintch fit donc un signe de tête à Vrolg pour marquer son consentement, puis attendit les réponses de la nouvelle recrue aux questions de l'orc. Si le chien s'amusait à venir uriner sur son sac à livres, la compression des gonades fonctionnait aussi sur les animaux mâles (non castrés)...

Dremed se mit à parler pour répondre aux interrogations du demi-orque, la première étant la plus intéressante des deux. Il allait s'embarquer dans une longue tirade lorsqu'il se souvint de ce que la créature lui avait répondu à propos de la moitié du tiers du butin, autant dire qu'ils s'étaient mal compris. Ainsi, il réfléchit à la façon la plus simple de tourner son récit pour bien le faire comprendre à son interlocuteur:

« J'ai entendu un marchand dire que ça guilde était pas contente qu'il ait perdu sa marchandise, prêt de Glandorn et avant le village qui jouxte... qui borde la forêt. Un garde a senti une mauvaise odeur et est tombé dans les pommes, il s'est réveillé avec une bosse sur le crâne et la cargaison avait disparu. »

Le paladin semblait satisfait de sa prestation, il ajouta cependant:

« Je pense que la guilde du marchand offrirait une récompense, même si ce n'est pas sûr, vaux mieux aller voir. »

Dremed lança un regard au mec en robe, il ne s'était pas présenté, tout comme le demi-orque, et le paladin se demandait s'il y avait une quelconque raison pour cela, peut être venait-il de livrer toutes les informations à des concurrents... Il ajouta:

« Il se peut que nous ayons affaire à un groupuscule, pour le bourrin: un groupe de mec à moitié taré, qui c'est emparé de la marchandise, car elle devait posséder un objet important, à moins qu'il ne s'agisse de bandits et dans ce cas ce sera plus simple d'en venir à bout. »

Une fois que le paladin eut fini, il se rappela qu'il venait d'oublier la question suivante... Il se gratta la tête et la mémoire lui revenu, son visage de déconfit et il répondit:

« Bouarf, j'ai pas vraiment eut le temps de me poser la question... De toute façon, j'aime pas les chiens, c'est plein de puces, ça pue, ça pisse partout, ça aboie quand il faut être discret... Une vraie horreur pour la vie d'un aventurier qui préfère ne pas avoir à nourrir une bouche supplémentaire. »

Il est vrai qu'en Terre de Fangh, le simple fait d'être aventurier était dure, car non l'aventure n'est pas de tous repos. Allez donc courir dans la plaine avec une armure en maille de sept kilos, une masse de cinq kilos, des bottes sans crampons, une cape qui, quand il y a un peu de vent, atterri dans votre figure ou se prend dans les ronces! Allez donc escalader les pics montagneux les plus abruptes et les vents les plus froids! Allez donc combattre des créatures, plus fortes que vous, en solitaire, juste pour le style! Et une fois que vous aurez fait tout cela, venez me regarder au fond des yeux et me dire que l'aventure c'est marrant !... Enfin tout ça pour dire que s'occuper d'un chien en étant aventurier c'est vraiment pas ma tasse de thé, enfin celle de Dremed, ou Waldemar Von Ark...

Spoiler:

Donc, en gros, si Vrolg avait tout compris, y avait un village en ruines où y a des sons étranges et pas très loin un convoi qui s'était fait attaqué par un truc qui pue ... le bruit et les odeurs n'était pas le fort du demi-orc (si, quand-même un peu), mais il nota que y avait eu baston. Donc, c'était intéressant. Vu que tout le monde aurait une moitié du butin, et que Zaeseth était d'accord, y avait plus qu'à boire un petit coup, grailler et dormir, avant de partir le lendemain assez tôt.

Oui, parce que bon, Vrolg avait beau trouvé le voyage entre Jambfer et Mliuej assez court, il avait quand-même envie de poser son cul un moment, quand-même ... Bon, le chien n'avait pas de nom ... Après quelques secondes à se demander pourquoi un gars qui voulait pas de chien en avait un et lui avait pas trouvé de nom, et pourquoi certains types qui n'en avaient pas mais qui en voulaient savaient déjà comment les appeler, Vrolg se dit qu'en attendait il pourrait le nommer "chien" ou "pépère" ... D'ailleurs, maintenant que ses jambes se reposaient, le sang pouvait un peu plus affluer à son cerveau, et dans un éclair de lucidité il se gratta la tête.

"Okay ... ben, c'qui serait bien, ce s'rait de voir comment qu'on va aux ruines, du coup. Y en a un qu'a une carte ?"

En même temps, vu efficacité des gardes, la disparition de la cargaison semblait normale : un garde qui se fait assommer par derrière par un manant - ce qui explique la mauvaise odeur -, ne mérite vraiment pas son poste. Ou alors des bandits, ce qui revenait à peu près au même. L'avantage restait le surplus d'expérience, après tout, un bandit n'est rien d'autre qu'un paysan armé. Partir le lendemain leur permettrait de conserver une bonne avance sur d'éventuelles autres compagnies d'aventuriers sans doute aussi au courant des ragots. Zaeseth espérait pouvoir confronter son pouvoir à un autre mage, histoire de lui montrer quelles bien belles souffrances il savait infliger.

Le tonnelet de bière commandé par l'adepte de Tziintch n'arrivait pas, pour une fois qu'il souhaitait boire, et bin non ! Selon les dires de son "maître", le chien était SDF : sans déterminant fixe. Ca pouvait poser problème si on voulait lui donner ordre, mais un cabot aussi décrépi ne devait plus savoir faire grand chose, à part pisser et réclamer de la nourriture.

"Okay ... ben, c'qui serait bien, ce s'rait de voir comment qu'on va aux ruines, du coup. Y en a un qu'a une carte ?
- Je dois avoir ça."

En fouillant dans son petit fourre-livres à tâtons, l'elfe noir dégota parmi un tout un tas d'autres livres tout aussi indispensable son Atlas de la Terre de Fangh. Il le posa sur la table en prenant bien soin de ne pas le salir et l'ouvrit à la page adéquate.

" Voilà un plan de la zone, le mieux serait de prévoir un trajet en plusieurs étapes et éviter de couper à travers champs. Au fait, je me nomme Zaeseth Helimond, et vu mon habit monacal, vous aurez remarqué que je suis un ~~clerc~~ adepte du ô combien Magnifique Sanctuaire de Tziintch."

Dremed se pencha au-dessus de l'épaule du mage pour observer le voyage qu'ils devraient faire. Le paladin écouta attentivement le mage et découvrit deux choses, la première étant son affiliation à Tziintch, mais il s'en doutait, et le second étant qu'il n'avait pas assez réfléchit à l'itinéraire. Le paladin de Khornettho n'allait pas manquer une opportunité de se moquer d'un culte concurrent, aussi répondit-il:

"Pff... Vous voulez nous faire perdre quatre jours de voyage alors qu'en coupant à travers champ on y serait en deux ! C'est bien les serviteurs de Tziintch ça, des gens qui préférent la sûreté plutôt que l'affrontement direct! Que Gzor l'Ignoble m'emporte avant qu'un mage choisisse ma route!"

Il croisa les bras et posa un regard insistant sur le sorcier. Il savait que cela risquait de lui causer du tort, mais il servait un dieu différent et cela le fit sourire. Le paladin se sentait changer au fur et à mesure des jours, cela venait probablement du flux d'énergie astrale émanant de son dieu, cela devait lui réveiller un certain caractère, une rage, ou cela venait-il de sa masse ? C'est vrai qu'il se sentait plus fier et capable depuis qu'il avait ce marteau à ses côtés...
Il verrait ça plus tard, car le fait de changer lui donnait l'impression de revivre son aventure dans le sanctuaire de Khornettho, quand il avait été possédé par le démon qui sommeillait en lui.
Il se tourna vers le demi-orque et dit:

"Nous n'avons qu'à voter, que ceux qui veulent couper à travers champ et trouver certainement bon nombre d'ennemis à massacrer lèvent la main."

Il joignit la parole au geste et leva son bras droit bien haut, un sourire narquois aux lévres, car la créature rejoindrait probablement son point de vue, un guerrier, un barbare et de plus un demi-orque, il serait assurément emporté par l'idée. De son autre main, il serra le manche de son marteau de guerre, afin de se préparer contre une éventuelle attaque, magique ou physique.

Visiblement, ils étaient pas encore partis qu'il y avait des problèmes ... Déjà, la bière de Zaeseth arrivait pas, parce que leur hôte était un tant soit peu débordé par une bande de soiffards et d'alcooliques notoires, et puis bon, l'elfe gris et Wald y voulaient pas prendre la même route ...

Interpellant l'aubergiste d'un "hé patron" assez puissant, puis, debout, lui pointant grossièrement du doigt le sorcier quand l'homme grassouillet se retourna, avant d'acquiescer et de soupirer, Vrolg se rassit, un sourire satisfait aux lèvres, qui laissa bientôt place à un air des plus sérieux ... En fait, si l'on voulait être plus juste, c'était l'air le plus sérieux que le demi-orc était capable d'adopter, et il avait l'air de cogiter sec, vu qu'il se pencha sur la carte, ses petits yeux brillants plissés, et se grattant à nouveau le crâne, comme quand que ça commence trop à faire mal.

Y avait des signes écrits autour de petites maisons, et le gros truc là c'était la forêt ... Celui-là c'était la montagne, et y avait pas à dire, c'était bien plus annoté que les bois, comme quoi que c'était plus intéressant ou habité. Le sorcier maléfique (si si, il paraîtrait même que c'est ça !) eu la bonté - à moins que ce ne soit de l'impatience - de pointer Mliuej puis leur destination à l'analphabète du groupe, ce qui eu le don d'illuminer le regard de la peau verte. Il se mit alors à regarder tout les traits de la carte, parce que ça devait être des routes, et finit, en même temps que l'arrivée de la si désirée boisson, par se prononcer.

"Euh ... Pourquoi qu'on prend pas cette route, là ?"

Trait de malice, ou plutôt stupidité crasse, voire même ignorance et stupidité crasse, si ce n'était pas pire, le guerrier venait de désigner le bras du fleuve Elibed qui longeait Mliuej et s'arrêtait visiblement au nord-est de Yakk.

Qu'est ce qu'il lui prenait à ce sous-fifre de Khornettoh ? Bien que l'adepte de Tziintch avait compté sympathiser quelque peu, il était évident qu'il ne pouvait pas se laisser faire. Après cette pique peu inspirée, Zaeseth pouvait s'en donner à cœur joie et libérer ses pulsions vilipendaires. Son honneur lui imposait d'enfoncer encore plus le clou.

"Vous êtes fort amusant mon brave. Cependant, je crains qu'un homme tel que vous, n'ayant utiliser qu'une seule fois le marteau de son culte, ne puisse prétendre en toute bonne foi à son titre. Peut-être une serpillière serait plus adaptée à votre musculature ?"

Mielleux et condescendant à souhait, le mage reporta son dévolu sur la carte. Vrolg semblait perdu devant tous les symboles imprimés sur la carte. De peur qu'une migraine le gagne, le mage lui pointa amicalement la position de Mliuej, le laissant se dépatouiller avec le reste des inscriptions. A son (grand ?) étonnement, l'orc parvint à mettre au point un itinéraire viable : celui que Zaeseth comptait prendre. Une belle route et quelques heures de marche dans la brousse était beaucoup plus adéquat, d'autant plus que courir à travers champs c'était pour les animaux ou humanoïdes à faible jugeote.

Le fleuve Elibed était proche, il suffisait d'emprunter le pont au sud de Mliuej, puis suivre la route qui réalisait une boucle jusqu'à Boladar, le village dont il était question. Là-bas, les aventuriers auraient à leur disposition les témoignages des miliciens. Le mage expliqua succinctement ce qu'il avait en tête, avant de conclure :

"Bien sûr, cela n'est possible que si le cher paladin saura se retenir de courir à travers champs comme un demeuré."

Le paladin avait suivi le tracé du demi-orque, cela ne correspondait aucunement au choix du mage, d'ailleurs il ne correspondait à rien. La créature verdâtre avait sans doute confondu le tracé de la rivière avec la route et cela le consterné, mais il est vrai que le mercenaire n'avait certainement jamais appris à lire et que la cartographie ne devait pas être son fort.
Il reçut la pique venant de l'aspirant de Tzinntch, celle-ci ne l'avait pas laissé indiffèrent, son sang commencé à bouillir en lui, il fixa l'individu de ses yeux orange et grogna:

"Ma musculature ? Il éclate de rire. Vous êtes-vous seulement regardé dans un miroir ne serait-ce qu'une seule fois dans votre vie ? Vous avez l'allure d'un flan, vous êtes mou et certainement incapable de soulever autre chose qu'un bout de bois et des feuilles de papier. Ensuite, vous avez certainement un mauvais oeil ou vous maîtrisez mal votre examen de Pryrakas, car vous ne voyez pas la relique que je détiens. De plus, ce marteau de guerre est neuf et coûte cher, plus de cinq-cent pièces d'or gagnées par la mort d'un ogre et d'un camp d'orque. Si l'on devait parler d'équipement on devrait plutôt se pencher sur le vôtre, une robe d'aspirant, votre culte ne vous fait donc pas assez confiance pour vous fournir un objet plus puissant ? Vos bottes sont lamentables, votre couverture vous désigne comme une personne venant de la classe paysanne et il n'y a guère que votre bâton qui fait à peut prêt l'affaire. Alors, on continue à s'insulter et à se rabaisser ou on y va ?"

Le paladin se risqua à sourire, après tout ce n'était pas la concurrence qui allait emporter le dernier mot. Il avait déjà eu affaire à des gens de son propre culte qui l'avait voué à la damnation, il n'allait pas se laisser faire par un arriviste de troisième zone qui n'avait certainement jamais subit une seule cicatrice et qui devait se croire intouchable derrière les gros bras du demi-orque, être que Dremed commençait à apprécier à force de constater qu'il ne se mélé pas des histoires des autres et que tout ça coulait sur lui, à moins qu'il ne soit un simplet, mais il préféra éviter de poser la question à l'intéressé et repris la parole pour expliquer à la créature:

"Vois-tu mon ami, ce que tu vois ici est une rivière, non une route. Zaeseth veut nous faire passer par la route principale qui sera plus longue et ennuyante, tandis que si l'on passe par là, il indiqua son trajet avec son doigt, on peut croiser quelques bestioles, gagner du temps et arriver plus vite à la mission pour la baston. En partant à l'aube on arrivera à Boladar avant la tombée de la nuit."

Il fit une pause et reprit:

"En gros, les pointillés c'est la route, les cubes c'est des maisons, ville ou donjon, les trucs en forme de nuages c'est des forêts, ça , fit-il en désignant un lac et une mer, c'est des étandus d'eau, ça, fit-il en montrant les marécages de l'éternelle agonie, c'est des marais et les lignes continues c'est des rivières."

Il croisa les bras, attendant la réaction du Demi-orque.

Sur le coup, Vrolg n'avait pas prit garde à l'impertinence de la pique du sorcier. C'était vrai qu'il n'avait sûrement jamais soulevé un marteau de bataille de sa vie, et que l'arme du paladin semblait bien bourrine. En plus, il aurait pourri des orcs et un ogre - ce qui lui rappelait des choses, mais quoi exactement, il ne pouvait le dire - alors il méritait bien sa place dans le groupe.

Les explications quant aux symboles et dessins sur la carte furent une révélation fabuleuse pour Vrolg, qui prit le livre dans ses mains (à la grande inquiétude de Zaeseth) et les yeux pétillants de surprise et d'intérêt, il observa chaque signe avec stupéfaction. Les plans orcs étaient bien plus simples que ça, se contentant de cailloux et de brindilles disposés sur le sol, et généralement la surface décrite était bien plus petite, bien que très détaillée. Cela dit c'était ingénieux, bien qu'il ne comprenne pas bien pourquoi les routes étaient faites de petits traits espacés ... Est-ce que qu'ça voulait dire que les routes étaient pas en bon état ou bien qu'elles n'étaient pas terminées ? Mystère ...

"Ouais ... ben ..."

Vrolg était quand-même emmerdé, parce qu'en définitive il était d'accord avec le paladin : c'était toujours le chemin le plus droit qui était le plus court ... Ils devraient par contre camper, au lieu de dormir dans les villages qui marquaient l'itinéraire de l'elfe, et ce serait moins sûr. Enfin, ça c'était pas vraiment un problème, voire même plutôt un point positif.

"Désolé, mais Wald a pas tord, on ira plus vite par son chemin. Par contre, faudra qu'je fais le plein de bouffe ..."

Le mercenaire ne chercha pas trop à s'étendre, déjà que le sorcier devait pas être content, et il lui rendit son livre, qu'il n'avait pas abîmé, ce qui était déjà ça (mais n'était-ce pas une légère empreinte de doigt sur le coin de la page ?). Le tonnelet était enfin arrivé à destination, après tout ce retard, à croire que le tavernier avait pensé à une blague, venant d'un elfe. La peau-verte se tourna vers l'homme au chien sans nom, l'air amical.

"T'as déjà fais des quêtes avec d'aut' types ? Pasque Zaeseth et moi on comptait former un groupe."

Le paladin de Khornettoh avait même le culot de lui répondre. Pour l'instant, dans un endroit exigu comme la salle commune de la taverne, l'adepte de Tziintch préférait ne pas faire de vagues, d'autant plus qu'avoir la milice naine de la ville aux fesses ne le tentait pas trop. Le nain, même avec un simple caleçon en Mithril, bénéficiait d'une résistance supérieur à la moyenne. De toute façon, tôt ou tard, le mage pourrait "égarer" un projectile magique lors d'une bataille ; projectile qui irait se ficher directement dans le dos du paladin, le hasard faisait parfois mal les choses.

A l'annonce de son patronyme écourté, l'elfe attendit quelques instants que monsieur le paladin finisse sa briante explication avant d'ajouter avec un ton condescendant :

" Point de familiarité je vous pris. Appelez moi Zaeseth Helimond, et je vous appellerai Waldemar Von Ark. Après avoir démontré nos talents guerriers respectifs, nous pourrons mettre à jour notre situation. Je ne souhaite pas être assimilé avec un quelqu'un qui aurait deux bras gauches."

Cette expression était souvent associée à son sens figuré, mais parfois des dieux malicieux s'amusaient à détourner un sort anodin pour garnir son lanceur de deux bras gauches seulement, au sens propre. L'individu en question pouvait alors résilier son abonnement au club d’haltérophilie, sous la menace d'une sérieuse migraine, ou encore faire l'acquisition de "Coudre un pull avec deux bras gauches, ou comment survivre après un accident de téléportation". Zaeseth cessa ces réflexions métaphysiques et revint au problème actuel : choisir un itinéraire, si possible une belle route bien tracée. Marcher dans la brousse avec un toge revenait à signaler aux tiques que le banquet était ouvert.

L'itinéraire choisit ne lui plaisait pas trop, mais il permettait au moins d'économiser deux jours de marche. Le mage réalisa alors un savant calcul mêlant nombre d'ampoules aux pieds, risque de rencontre de créatures mortelles ainsi que l'usure des semelles. Son choix fut établi, il donna son accord. Toutefois, il imposa une condition : suivre la berge du fleuve. D'une part les risques de se faire repérer demeuraient plus faibles qu'au milieu de la plaine, et d'autre part, à part des carpes tueuses, le potentiel de danger était minime.

Le mage récupéra avec soin son livre tout en indiquant à Vrolg qu'en plus de trouver de la nourriture, le problème de dormir se posait également. L'enseigne "Chez Bulinette" n'offrait pas le logement. Le temple de la Bière offrait une chambre à petit prix, après il restait toujours Les Seizes Chopines, mais l'accueil de l'orc n'était pas assuré de par la réputation de sa race en matière de baston en milieu tavernier. Le tonnelet de bière tant attendu arriva enfin, le mage commença à se saouler à petites doses afin de faire durer le plaisir. Le beau Peuple n'appréciait pas la tradition du Phaste Dhrinking.

Dremed tenta de se remémorer ses précédentes aventures. L'une s'était déroulée en montagne, dans une mine. La seconde mission s'était déroulée en forêt, dans les bois jouxtant Boladar, il en gardait d'ailleurs quelques souvenirs sanglants. Le paladin expliqua tout cela au peau-verte:

"J'ai participé à une expédition dans les mines des montagnes, deux fidèles compagnons menant la cadence, un nain guerrier et un mage du domaine flamboyant. Nous nous sommes séparé suite à une raison qui m'échappe à présent. J'en garde une certaine rencoeur à l'égare d'un démon qui m'a possédé lors des affrontements."

Le paladin reprit son souffle et continua sa narration:

" Ma seconde mission m'a mené dans les bois du côté de Boladar, j'en ai gardé une tête d'ogre et la tête du chef des orques qui ornent désormais la bâtisse qu'y m'a été offerte en remerciement. Dans cette dernière mission, j'ai combattu aux côté d'un bucheron, d'une paysanne et d'une créature étrange aux apparats du désert, sacré bestiole ce gars."

Le paladin grimaça lorsqu'il annonça sa possession, désagréable impression que celle de perdre le contrôle de soit. Il écouta ce que le sorcier avait à dire, il ne pris pas la peine de répondre et se contenta d'un hochement de tête en réponse de l'attitude suffisante de l'adepte de Tzinntch, un personnage trop confient, une personnalité trop hautaine qui pourrait le mener à sa perte.
Dremed eu une pensée rapide pour le cultiste, celle qui vous fait activer votre paranoïa et qui vous pousse à commettre des erreurs... Une "possession" intempestive pouvait très bien se reproduire et marquer le crâne du cultiste. C'est de bonne guerre.
Après toutes ces pensées positives, le paladin se mit à réfléchir aux dernières paroles du sorcier, concernant le ravitaillement et le lieu où loger cette nuit. Dremed pris la parole:

"Je vous propose de nous rendre au temple de la bière, les services sont peu coûteux et restent satisfaisant. De plus, c'est l'auberge la plus proche de la sortie sud de la ville, on passera demain par l'avenue Ouarge Gutten, on trouvera la boucherie et un vendeur de fruits et légumes. Ensuite, nous emprunterons le pont qui mène à la sortie de la ville et ainsi commencera notre périle."

Le paladin jeta un coup d'oeil à chien qui levait la patte et se préparait à uriner sur le plancher de la taverne. Le prêtre-guerrier mit un coup inextrémisse à l'animal qui lui jeta un regard menaçant, sous les yeux orange et fixes du paladin, le chien se coucha sur le sol et patienta encore un peu, ce n'était sans doute pas le bon endroit où se détendre.
Dremed rajusta son sac sur son épaule et entrepris de partir vers le Temple de la bière.

Spoiler:

Le paladin de Kornettoh avait déjà mené deux quêtes, à chaque fois accompagné, mais pas des mêmes gars ... Soit qu'il ne trouvait pas de coéquipiers de valeur, soit qu'il leur tapait sur les nerfs ... ou inversement proportionnel - cette idée traversant péniblement l'esprit du demi-orc n'étant absolument pas due à la précédente dispute avec Zaeseth.

Vu que l'homme enfilait maintenant son sac pour rejoindre la fameuse auberge au doux nom de "Temple de la Bière", mais que l'elfe du groupe était loin d'avoir fini sa bière, Vrolg lui fit signe qu'ils le rejoindraient là-bas, et profita de ce moment de calme pour commander une seconde bière, afin d'accompagner son compagnon et de pouvoir discuter un peu.

"A la tienne, Zaeseth !"

C'était un peu court quand-même, aussi, après une gorgée - à vrai dire le fond de sa première choppe - il reprit.

"Bon, j'sens qu'tu blaires pas trop c'gars là ... J'sais pas trop quoi en penser, sur l'tas, mais il a l'air sympal, alors ce s'rais bien qu'tu lui laisses une p'tite chance. Au pire on est pas obligés de se le trimbaler après avoir vu c'qui s'passe aux ruines, si y nous pompe trop ..."

Le paladin partait, enfin un peu de calme ! Au milieu du maelström de sonorités qui régnait dans la taverne, les deux compères dégustaient leur bière respective tout en discutant. L'elfe trinqua, heureusement que les paupières n'entraient pas en jeu dans la communication orale, parce qu'elles s'alourdissaient peu à peu.

"Ah...Ah la tienne, Vrroolgg !"

Zaeseth réussit à toucher par miracle la chope de l'orc, ses sens embrouillés par les vapeurs alcoolisées qui remontaient dans son cerveau. Un règlement de compte fut ainsi évité de peu : les nains de la table d'à côté n'auraient sans doute pas apprécié recevoir un demi litre de bière dans le dos. De un, Mliuej vouait un culte à la bière, et de deux, comme la bière était composée d'eau, elle permettait de se laver, donc c'était foncièrement mauvais pour n'importe quel nain. En plus de rompre la tradition du bain annuel (voir bi-annuel)...

Pour diminuer le tangage du bateau, l'adepte de Tziintch partagea même son tonnelet avec son compagnon d'aventure. De la phrase de l'orc, l'elfe noir ne perçut que la moitié des mots, ce qui réduisait considérablement son sens.

"Bon...blaires...c'gars là ... J'sais...mais il a l'air sympa, alors...au pire on est...obligés de se le trimbaler...y nous pompe trop ..."

Le cerveau joua son rôle et classa l'information : selon Vrolg, le paladin était un blaireau sympa et utile en raison de ses talents de mécaniciens. L'elfe se demanda pourquoi le guerrier lui disait ça, mais ne chercha pas plus loin et replongea dans ses libations. Il bredouilla néanmoins avec un air bêta:

" Ouai, c'est cooool..."

Il confirma ainsi la mauvaise réputation elfique dans les concours de beuverie.

C'était bien, Zaeseth semblait s'être bien détendu - d'ailleurs il tenait à peine droit sur sa chaise, tellement qu'il était calme maintenant - et semblait d'accord pour faire un petit effort en faveur de Wald. Trinquant avec son nouveau compagnon de beuverie, prenant le partage de la bière du sorcier comme un gage d'amitié et ressentant du respect à son égard pour cela, le guerrier retint en riant un compagnon gris - autant de peau qu'au niveau éthylique - décidément bien bancal.

"Tu sais, j't'aime bien, toi ! T'es le premier elfe que j'croise qui me casse pas les pieds et qui mérite mon respect. Avant, j'croyais qu'la magie c'était vraiment la loose, mais en fait c'est pas trop mal ..."

Bon, ce n'était pas parce que Vrolg avouait que tout ce qui n'était pas de la baston était forcément nul qu'il allait se mettre aux arts tortueux et risqués des arcanes ou à tricoter, mais déjà il faisait un premier pas, aussi petit pouvait-il être, dans une ouverture d'esprit -aussi petit pouvait-il demeurer pour sa part. De bonne humeur, il se mit à chantonner et quelques types sympas vinrent se joindre à leur table, discutant de tout et de rien, en toute jovialité, et payant quelques coups aux deux compères.

Suite des pérégrinations ...

» Un allé pour un retour.
» Sorti de son trou (Suite)
» Retour à Miluej, et pour de bon cette fois.
» couloir de gauche
» (Suite ?)